HISTOIRE DE RESPECT
par Almir Narayamoga Surui
Chef du peuple Paiter Surui d’Amazonie

Notre planète est menacée par le manque de respect à l’égard de la forêt et des êtres qui l’habitent. 

Cette menace est réelle: pour le constater, il suffit d’observer la pollution des rivières,
la transformation en pâturages de toutes les forêts et l’oubli de la valeur immense de celles-ci. 

Nous, membres du clan Gamebey du peuple Suruí du Rondônia au Brésil, nous nous inquiétons des menaces qui pèsent sur
la biodiversité, parce que nous savons que nous faisons partie de la forêt, dont tous les éléments sont nécessaires à nos vies. 

Ainsi, par leurs chants, les oiseaux nous transmettent des messages, de bon comme de mauvais augure.
Les animaux nous préviennent des dangers et rendent nos vies plus sûres et saines, en harmonie avec la nature. 

Le bruit de l’eau des rivières nous alerte des crues et nous parle de la vie des poissons,
nous annonçant les temps d’abondance ou de disette. 

La lune et les étoiles nous montrent le chemin à suivre et nous préviennent des malheurs qui pourraient s’abattrent sur nos villages. 

Lorsque les hommes coupent la forêt et la brûlent, c’est le soleil qui, par ses couleurs, nous le dit,
nous alertant du danger pour les animaux et les êtres humains:
Lorsque le soleil rougit, ce que beaucoup trouvent beau, nous savons qu’en vérité les arbres et les bêtes sont en train de mourir. 

Les tons du ciel et les couleurs de l’arc-en-ciel nous disent le temps qu’il va faire. 

Nous savons que les esprits de la forêt qui protègent les animaux sont attristés par cette destruction irrespectueuse de la Terre Mère. 

C’est pourquoi nous réaffirmons que pour le clan Gamebey du peuple Surui, la forêt est précieuse, elle fait partie de lui-même. 

Nul n’a le droit de transformer la forêt toute entière en pâturages et le ciel en cendres ! 

La forêt par sa diversité de fruits et d’animaux est la condition de notre subsistence durable et de notre survie. 

La forêt est la lumière de la vie pour l’humanité, et les Surui respectent la vie. 

Nous voyons que cette lumière est menacée par l’imprévoyance des hommes qui oublient les générations futures. 

Or, de même que les Surui ont besoin de la forêt pour survivre comme peuple, de même l’humanité ne peut s’en passer. 

Car si on ne change les modes d’exploitation de la forêt pour cesser de la détruire, c’est la planète entière qui risque de disparaître. 

Nous qui avons appris de nos anciens que notre Mère la Terre nous a tout donné, la vie, la santé et la valeur de notre culture,
nous demandons qu’on respecte notre terre et notre histoire.

Cacoal, 11 août 2005 

Almir Narayamoga Surui