TRANSCENDER NOTRE RÉALITÉ POUR
IMAGINER ENSEMBLE UN NOUVEAU MONDE
LES 7 PROPHETIES SURUI

PROPHETIE 1
D’ici peu, la valeur de la forêt sera universellement reconnue à la condition que nous parvenions à vaincre la désunion.
Si nous n’y arrivons pas, il n’y aura plus d’humain.
Quoi qu’il en soit, ici nous planterons jusqu’au dernier arbre, jusqu’au dernier souffle.
PROPHETIE 2
Avant le contact avec la civilisation moderne, nous vivions en harmonie avec la nature.
Aujourd’hui, nous devons trouver de l’argent pour de nouveaux besoins, demain nous nous unirons et saurons ensemble comment vivre en régénérant la forêt afin qu’elle nourrisse à nouveau la Terre Mère.
Aujourd’hui nous sommes parfois dépendants de la nourriture des villes, demain les villes viendront chercher leur alimentation chez nous car la terre est source de nourriture vivante.


PROPHETIE 3
Les peuples premiers vont contribuer à la co-création de la civilisation émergente en ouvrant le chemin de l’écoute de la nature et de ses besoins pour créer une planète fertile pour la Vie et l’Humain.
PROPHETIE 4
Dans le futur, nous verrons la forêt comme source de vie, source de tous les besoins. Médecine, spiritualité, culture :
le monde de demain valorisera la forêt à travers une vision respectueuse à court, moyen et long terme.
Nous vivrons en lien avec la forêt, en symbiose complète, en se soignant par sa médecine et en vivant en harmonie avec ses esprits.
Nous replanterons la forêt, les enfants l’étudieront, notre gouvernance sera basée sur ses lois et elle sera reconnue.
Nous serons capables d’écouter à nouveau les esprits de la forêt.
Nous vivrons alors selon les lois du vivant et notre parole sera.


PROPHETIE 5
Notre territoire sera un laboratoire pour démontrer aux peuples du monde qu’il est plus important de connaître, aimer et protéger la forêt que de la détruire.
L’homme comprendra que la nature est la seule source de richesse sur cette terre et que si nous l’aimons et vivons en lien avec ses esprits, elle crée de l’abondance sans limite.
Les peuples du monde vont comprendre que sans respect de la vie, la vie devient très courte et se rétrécit.
Il est difficile de se respecter et de s’écouter mais en cherchant ce respect avec courage et sans trêve, nous y arriverons ensemble. Et la vie s’allongera alors.
C’est ici et maintenant que débute ce respect planétaire. C’est pour cela que nous sommes tous ici à vivre cette prophétie.
PROPHETIE 6
Dans le futur, il y aura des lieux connectés et reliés où s’ex-périmentera la sagesse et qui accueilleront les bâtisseurs du troisième monde. Ici, chez le peuple Paiter Surui, nous som-mes dans un tel lieu.
A ce moment là, en vivant en harmonie avec la nature et notre nature profonde, nous développerons de nouvelles capacités et serons capables de dialoguer sans nous déplacer grâce à la télépathie.
Les leaders viendront ici pour trouver des solutions pour la planète et la nature.
Cela fait des années que cette prophétie existe chez les Surui.
Dans cette prophétie, ces leaders se réunissent sur le territoire Paiter Surui, car à l’avenir, nous aurons conscience qu’il est nécessaire, pour penser juste, d’être dans la forêt, au contact de l’air pur et de l’eau pure.


PROPHETIE 7
Depuis cette forêt, les Dieux qui protègent les clans, l’esprit du petit cerf et l’oiseau du commencement du monde s’en iront aider les peuples d’ailleurs et discrètement chuchoteront à l’oreille des leaders les décisions justes pour se reconnecter avec la Terre Mère.
La pensée collective pour se créer un futur
Un peuple indigène d’ Amazonie, le peuple SURUI, un peuple du «premier monde», celui des peuples vivant encore en harmonie avec la nature, s'est joint à nous en 2015 dans une grande réflexion en conscience collective, avec l’espoir que nous pourrions, ensemble, dépasser nos cultures et penser un nouveau monde.
Si cette invention ne vient pas de nous tous, de notre enthousiasme et de nos envie profondes, ce monde réinventé n’a aucune chance d’être et de se concrétiser.
Dès le lancement du projet et des bases de cette pensée collective, nous avons convié Almir Surui, chef de tribu d’un peuple indigène en Amazonie. En effet, le développement d’une vision collective ne peut s’initier sans une certaine transcendance. Avec d’autres peuple indigènes, les Suruis font partie de ces communautés humaines témoins d’une société en naissance. Par nécessité, ces peuples ont développé un rapport au monde, une cosmogonie et des principes de vie reflétant des connaissances particulièrement élaborées dans des champs aussi divers que le «vivre ensemble», la santé, la justice et l’éducation.
Le «deuxième monde» est le nôtre, celui de l’homme moderne qui, à travers ses connaissances et son efficacité, a acquis un pouvoir mettant en danger les grands équilibres de la vie. Par le développement d’une culture hors sol, les déséquilibres économiques, sociaux et environnementaux se multiplient. Au vu de l’évolution actuelle, la rupture semble inévitable. On parle aujourd’hui d’une nouvelle époque géologique, celle de l’Anthropocène, où l’homme moderne influence directement les conditions de son existence et la survie des autres espèces.
S’il est évident qu’un retour au stade du «premier monde» est impossible, nous croyons intiment qu’il est aujourd’hui nécessaire que notre civilisation accède à un «troisième monde» dans lequel nature et modernité seront porteurs d’une nouvelle alliance.
Almir Surui nous a proposé de lui rendre visite en Amazonie afin de poursuivre avec son peuple ces réflexions collectives. C’est ainsi qu’en mars 2016, un groupe de 11 personnes de Suisse s’est rendu au Brésil avec l’association Aquaverde. Dès l’arrivée au sein de ce peuple au système de pensée différent du nôtre, il a fallu se connaître et se comprendre. Le séjour a donc débuté par l’apprentissage au dialogue commun. Au programme, des réunions de plusieurs heures avec les leaders du peuple surui afin de nous écouter, nous comprendre, nous accepter et initier un partage profond. Une belle leçon d’écoute et de tolérance dont l’Occident pourrait s’inspirer au lieu de vouloir sans cesse imposer sa vision. Le peuple surui nous a conté de multiples anecdotes sur leurs mythologies, sur leur forêt majestueuse, animée de sagesse et d’esprit et qui fait partie intégrante de leur identité. Ils nous ont également parlé de la souffrance subie par leur tribu depuis les premiers contacts avec l’Homme blanc.
Petit à petit, nous avons intégré leur histoire, leur pensée, leur sagesse, leur dignité et leur profonde humanité. Grâce à ce «parler vrai», nous avons pu ressentir une lumière commune, nourrie par l’harmonie de nos esprits en communion. Nous avons pu mener des dialogues ancrés dans nos racines et empreints d’une spiritualité nous plongeant dans les aspirations éternelles de l’Homme. Nous avons des jours d’une très grande intensité et d’une grande beauté. Au fil du temps, les Suruis devenaient notre famille. Au fil des jours, nous percevions aussi, avec une violence s’accentuant à chaque partage, à quel point les Suruis se trouvent complètement et malgré eux au cœur de tous les enjeux de notre civilisation et de ses forces destructrices.
Ici en Suisse, nous décrivons, analysons et expliquons les impacts de nos industries sur une nature lointaine et une population inconnue. Avec eux, nous quittons les concepts pour atteindre une réalité concrète. Nous découvrons leur rapport brutal avec la société de consommation et ses conséquences directes: orpailleurs d’un côté, déforesteurs de l’autre, assassinats, et l’attraction qu’exerce notre marketing sur les jeunes Surui en diffusant les gadgets de notre civilisation.
Les multiples drames et anéantissements perpétrés par la société occidentale contre les peuples premiers ont résonné en nous. Comment changer la donne? Nous nous sentions impuissants. Puis est venue une idée, une inspiration. Ces scénarios répétés agissent comme autant de puissants égrégores inscrits dans notre mémoire collective. Et si nous offrions une vision et un scénario plus puissants doté d’un imaginaire plus important? C’est ainsi qu’est née l’idée de réaliser une prophétie commune. Une idée intuitive, un peu folle certes, mais nous ne pouvions nous résoudre à accepter le scénario le plus probable, le futur que nous sentions se dessiner pour ce peuple.
Là, au cœur de cette forêt, nous devions nous engager pour transcender le destin tout tracé des Suruis. Le dernier jour de notre séjour, à nouveau réunis en cercle, nous étions une famille unie. Chacun a parlé et au fur et à mesure que les voix s’élevaient, nous découvrions qu’il existait déjà de multiples prophéties et que notre présence ici en faisait partie! Nous y avons simplement contribué en y ajoutant nos espoirs.